[Essai net] triumph scrambler

TRIUMPH SCRAMBLER : La nostalgie a du bon!


30 novembre 2006

Triumph joue à fond la carte de la nostalgie avec son troisième opus sur la Bonneville.
2001: Triumph revisite son passé, après s’être fait griller la politesse par Kawasaki et sa très réussie W650. Officiellement inspirée d’une Kawa des années 60, La W ratisse clairement dans le jardin des vieilles anglaises, Triumph Bonneville en particulier. L’ancêtre dont elle se revendique ayant elle-même puisé son inspiration parmi ses contemporaines britanniques.

Renaissance du mythe

La Bonneville deuxième du nom renaît de ses cendres, mais ne partage pas une rondelle avec sa célèbre devancière. Immédiatement comparée à sa concurrente japonaise, beaucoup trouvèrent la japonaise plus anglaise que l’anglaise, ce qui n’empêche pas de nombreux possesseurs de W650 de virer « l’honteux Kawasaki » qui orne leur réservoir… C’est vrai que la Bonneville fait l’impasse sur quelques « gimmicks » abondants sur la Kawa. Personnellement, nous lui trouvons un air plus trapu, plus ramassé, quelques touches plus contemporaines, moins « copie-conforme » qui ne nous déplaisent pas. Certes, elle gagne a être revisitée par des spécialistes comme Mécatwin qui a le talent pour lui donner ce supplément d’âme perceptible sur les photos qui illustrent la Scrambler avec une Bonnie «Mecatwin».

Variations

Première variation avec la T100, Bonnie un peu plus luxueuse et généreuse en équipement. Seconde variation: les Speedmaster et America, au goût d’Amérique prononcé. Troisième variation avec la Thruxton, dans le plus pur style Café Racer des sixties. Version amusante mais plus exigeante au niveau de la position de conduite, ce modèle ne touche qu’une part des nostalgiques. Triumph joue sur du velours, et ne se prive pas de faire état de son passé de plus vieux constructeur de motos en activité. Au prix il est vrai d’une petite pirouette: la marque a disparue près de 10 ans avant d’être relancée par John Bloor, l’actuel patron. Mais le passé est bien présent (!!) et pas mal attrayant: quelle meilleure publicité que les photos de Steve Mc Queen ou de Marlon Brando au guidon des belles anglaises!

Swinging Sixties

Suie logique et attendue des variations autour de la Bonneville, le Scrambler. Ce type de moto, trail avant l’heure, a connu son heure de gloire aux USA dans les années 60 et dégage un charme fou! Quelle que soit la marque qui s’y soit essayée: Norton, Triumph, Ducati, Honda…, la recette est des plus simples : une moto de route, un grand guidon, des pneus à crampons, un échappement relevé. C’est tout et ça suffit à faire craquer tout amateur un tant soit peu nostalgique. Le même recette s’est appliquée à la Bonneville 2001, en gardant comme point de mire l’icône du genre, la TR6C de 66. La Triumph Scrambler ne gagne pas à une confrontation directe avec son ancêtre. Les normes actuelles d’homologation et les exigences minimales de notre époque ne l’y aident pas. Les amateurs d’anciennes Mini ou VW Coccinelle ne vous diront pas autre chose. Il n’empêche, les Mini ou les New Beetle dégagent suffisamment de charme pour trouver une place dans le cœur des gens. Rouler en ancêtre n’est pas toujours de tout repos. Les néo-rétro surfent sur la nostalgie d’une époque dorée, de modèles qui firent rêver toute une génération trop jeune pour en profiter, sans hériter des inconvénients inhérents à la possession d'une ancienne.

Quarante ans nous séparent

Mais trêve d’explications et de théories, il est temps de prendre le guidon. Le Scrambler présente plutôt bien et reprend tous les attributs du genre: grand guidon, pots latéraux relevés, tableau de bord minimaliste, pneus à crampons, fourche à soufflets. Le trait est parfois un peu maladroit comme pour les pots, fort imposants par rapport aux années 60. Il faut dire qu’à cette époque, les silencieux n’avaient souvent de silencieux que le nom, et les mollets brûlés étaient monnaie courante. Inimaginable en 2006! Le guidon large et une selle de hauteur raisonnable mettent à l’aise le pilote, même néophyte. Le moteur s’ébroue dans un grondement sympathique ds les premières impulsions du démarreur, à l’aide du choke (aux carbus!) si nécessaire. Embrayage, première, le bloc repris des customs Speedmaster et America est calé à 270° et non plus à 360° comme sur les Bonnies et Thruxton.

Promenons-nous

C’est censé donner un peu plus de couple, mais dans la pratique, ça le rend surtout moins souple. Une Bonnie est capable de rouler à 40 en cinquième sur un filet de gaz, ce n’est plus le cas ici. Une fois assimilée la différence, le moteur calé à 270° se montre plutôt agréable à vivre, suffisamment vif pour ne pas vraiment s’ennuyer. Certes, il manque un peu d’allonge, mais le Scrambler fait partie de ces motos qui distillent un autre plaisir de conduite, celui de rouler «tranquille» sans jamais trouver le temps long. Le châssis très sain se laisse facilement mener, tous les virages peuvent se prendre en limant les repose-pieds et en enroulant sur le couple. Elle ne dépasse les 170 km/h, à quoi bon! Les autoroutes sont limitées à 120 et de toute façon on s’y emm…! Le Scrambler est taillé pour la ville où sa maniabilité fait merveille, largement aidé par le grand guidon qui permet de la placer facilement. Le frein avant manque de mordant, contrairement au frein arrière mais correspond à l’esprit tranquille de la moto. Son terrain de jeu ne se limite pas à la ville, il fera merveille sur toutes les routes du réseau secondaire.

Et si c’était ça, le plaisir à moto?

Sa conduite proche d’une Bonneville normale, peut être même plus facile, l’autorisera à de jolies balades. Il est possible de passer la journée avec l’anglaise, avec passager et bagages, et de découvrir de merveilleuses régions en parcourant 500 ou 600 km sur la journée. Les départementales offrent des plaisirs très «sixties», époque où les autoroutes brillaient par leur rareté et où voyager avait un autre sens, celui de la découverte. Et si c’était ça, le plaisir de rouler à moto? Nager dans le bonheur à un rythme légal, en roulant à l’ancienne comme nos aînés, sans se faire peur, sans se mettre en danger, sans risquer son permis, et en se régalant d’une moto au style intemporel…
Prix: 8890€
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