Essai Yamaha MT-03
Essai sur 800 km.
La MT-03 est directement issue du concept bike ayant fait sensation lors du salon du deux-roues 2003. Mi-Trail, mi-supermotard, on s’attendait à une version virile développant au moins de 100 chevaux. Ce fût effectivement la MT-01 avec son bicylindre de 1700 cm3, déclinée ensuite en MT-03 : un gros mono de 660 cm3 (produit par Minarelli et présent également sur le SM), offrant un « petit » 45 chevaux (à 6.000 tr/mn) et un couple de 5,7 mkg (à 5.250 tr/mn): un pied de nez face à la course à la puissance ambiante. Véritable réussite sur le plan design et esthétique, la MT-03 a-t-elle un ramage à la hauteur de son plumage ?
Découverte
La MT-03 est très compacte, prête à bondir ou franchir n’importe quel obstacle avec son important débattement et une garde au sol de 200mm. On remarque immédiatement le phare avant proche de la Fazer, ainsi que le double échappement arrière, proéminent, levé vers le ciel. En faisant le tour, on remarque le système de suspension arrière latéral, réglable, placé le long du moteur. La selle, au toucher cuir retournée est large et la place passager - particulièrement épaisse – affiche le logo MT, marqué dans l’épaisseur.
En selle
La position est basculée vers l’avant, les bras bien pliés, en appui sur le guidon à large cintre. Malgré une hauteur de selle raisonnable de 805 mm, les pieds touchent à peine terre pour le pilote d'1,70 m ; la faute en revenant à une selle particulièrement large.
On a alors devant les yeux un énorme compte-tours et une mini lucarne pour afficher la vitesse, l’heure et le totalisateur ou l’un des deux trips partiels. Au-dessus, les indicateurs lumineux pour le point mort, l’injection, l’huile et le passage sur réserve. Un compteur minimaliste qui se révèle peu évident à lire, que ce soit de jour comme de nuit. Par compte le compte-tour se pare d’un beau rouge la nuit venue, du plus bel effet. La clef s’insère directement sur le réservoir.
Les mini-rétroviseurs se règlent facilement et offrent surtout une excellente vision, que leur taille ne laissait absolument pas imaginer.
Contact
La MT-03 s’ébroue dans un vrombissement grave, avec les vibrations et le son de pilon du mono : une mélodie qui concoure largement au caractère et au plaisir de conduite, aussi bien dans les envolées que dans les décélérations. Le compteur se réinitialise, en affichant pendant une seconde un présomptueux 199 km/h.
Embrayage, démarrage... La boite s’avère douce. La MT-03 se manie très facilement et apparait à peine plus lourde qu’une 125 malgré ses 174 kilos (à sec). Il faut voir ici le travail réalisé sur son centre de gravité placé bas et un centrage des masses efficace. Les pieds reposent bien à plat sur les cale-pieds et les genoux sont idéalement écartés autour du réservoir.
Ville
La MT-03 se trouve dans son élément en ville. Un grand guidon, un poids plume, de la pêche dès les premiers tours, et la moto se faufile et se dégage dans toutes les conditions et positions d’un coup de poignée de gaz.
Les démarrages sont nerveux et incitent à jouer de la poignée droite et du sélecteur. La MT-03 se retrouve ainsi rapidement à 7.000 tr/mn. La seconde se passe en deux secondes à 40 et la 3e dans la foulée dès 65 km/h. Autant dire que ce rythme joueur, nerveux, ne sera pas toujours du goût de la passagère ; il est alors nécessaire de doser l’accélérateur, sous peine de coups de casques violents. La MT-03 oblige la passagère à s’accrocher ferme, ce que n’obligent pas des motos pourtant bien plus puissantes. Bref, la MT-03 en offre bien plus que ses 45 chevaux officiels...
La MT-03 n’aime toutefois pas les sous-régimes et cogne sous les 2.500 tr/mn. Les amoureux des monos ne seront absolument pas gênés de jouer de l’embrayage. Les motards ne connaissant que le 4 cylindres se plaindront éventuellement de calage.
Le tout se balance parfaitement et offre un rayon de braquage particulièrement court ; l’expression dans un mouchoir de poche trouve ici sa signification.
Plutôt fermes, la selle et les suspensions font relativement oublier les irrégularités de la chaussée. Le pilote est ici mieux loti que le passager qui souffrira davantage de quelques rebonds.
Autoroute
La MT-03 s'engage avec une vraie pêche sur l'autoroute jusqu’à 140 km/h. Au-delà, le mono se stabilise à 7.000 tr/mn sur 152 km/h. Bien lancé, il peut même approcher les 168 km/h, en début de zone rouge. Mais le manque de protection, et surtout la consommation excessive poignée au taquet, fera redescendre le pilote vers une moyenne de 140 km/h maximum.
Par ailleurs, les vibrations dans les cale-pieds, et notamment ceux du passager, rendent le passage des 150 km/h équivalent au mur du son : désagréable.
A contrario, les rétroviseurs ne souffrent aucunement de ces vibrations et offrent une excellente vision à n’importe quelle vitesse. La MT-03 s’avère en plus particulièrement stable et sécurisante, même poignée au taquet, et que ce soit en solo ou duo. Alors que la maniabilité et la légèreté à basse vitesse est souvent synonyme de sensibilité au vent sur autoroute, il n’en est rien pour la MT-03. Le poids de la moto et l’équilibre des masses est ici idéal.
Départementales
La MT-03 se retrouve dans son élément dès le retour sur départementales, alternant entre 3e et 4e sur sa plage d’utilisation idéale, entre 4.000 et 7.000 tr/mn. Elle offre alors de réelles sensations, avec un gros mono distillant sa bonne humeur et sa volonté pour sauter d’un virolo à un autre. Le couple autorise des reprises vigoureuses en sortie de virage et de grosses sensations, tandis que les décélérations s’accompagnent de vivantes pétarades.
La monte de pneus d'origine – Pirelli Scorpion - accroche parfaitement et met en confiance.
Confort
La selle large et épaisse s’avère très confortable, que ce soit pour le pilote ou le passager. Ce confort ne change pas quel que soit le nombre de kilomètres. Par ailleurs, la position de conduite s’avère agréable et n’occasionne aucune fatigue ni mal de dos.
Le passager reprochera des vibrations fortes dans les cale-pieds et un échappement trop généreux côté chaleur dégagée.
Freinage
Le simple disque arrière de 245 mm offre un bon gros freinage, et de nombreux blocages en solo, sans forcer pourtant sur la pédale arrière. En duo, il s’avère parfait. Le frein avant – double disque de 298 mm – offre un sérieux mordant, sans générer de plongée lors des freinages intensifs. Le freinage s’avère presque violent au regard de la moto, ce qui demande un peu d’expérience et de doigté sur le mouillé pour le dosage obligatoire.
Pratique
La MT-03 est belle. On oubliera un peu les aspects pratiques.
Le réservoir non métallique fera oublier toute sacoche magnétique. L’espace sous la selle offre un espace pour un U certes mais spécifique Yamaha.
La MT-03 se débéquille facilement ; par contre aller cherche la béquille quand on est sur la selle, pour arriver à la passer sous le cale-pied, n’est pas toujours des plus facile.
Il est possible de placer l’antivol entre un barreau de fourche et un bâton de roue.
Consommation
Avec l’injection et un réservoir de 15 litres, on pourrait s’attendre à une autonomie avant réserve de 200 km. Dans la pratique, les passages sur la réserve se sont opérés entre 120 et 150 km. La MT-03 s’avère en effet relativement gourmande, avec une moyenne de 6,5 litres de moyenne pendant l’essai. Certes, en utilisation uniquement ville, et sans tirer dedans cette consommation descend à 5,5 litres. Par contre, à vitesse stabilisée sur autoroute à 130 km/h, elle monte à 7,2 litres et s’envole poignée au taquet à près de 9 litres ! Dommage, car le confort offert lui permettrait de parcourir d’une traite de plus longues distances. De quoi réfréner les ardeurs en tout cas, d’une poignée droite à toc. Idéale en cette période de répression et de prix de l’essence excessif.
Conclusion
La MT-03 est une vraie moto, à la fois vivante et dynamique - stable quand il faut - qui ravira le motard et mettra en confiance le motard débutant. Plutôt rare dans la rue, avec une gueule d’enfer, elle est plaisante à conduire au jour le jour pour des trajets para-urbains et permettra de s’éclater en montagne. Elle est même capable de proposer des trajets de 200 à 300 km, sans faire souffrir ni pilote ni passager, à condition d'éviter les longs parcours autoroutiers.
Elle ravira les amoureux des sensations. Seul son prix - 6.990 euros – a de quoi faire réfléchir son éventuel acquéreur, avec près de 1.000 euros de plus qu’un Bandit ou une ER-6. Sans aucun doute, la seule raison d’un succès modeste.
essai trouvé sur le repaire des motards
Essai sur 800 km.
La MT-03 est directement issue du concept bike ayant fait sensation lors du salon du deux-roues 2003. Mi-Trail, mi-supermotard, on s’attendait à une version virile développant au moins de 100 chevaux. Ce fût effectivement la MT-01 avec son bicylindre de 1700 cm3, déclinée ensuite en MT-03 : un gros mono de 660 cm3 (produit par Minarelli et présent également sur le SM), offrant un « petit » 45 chevaux (à 6.000 tr/mn) et un couple de 5,7 mkg (à 5.250 tr/mn): un pied de nez face à la course à la puissance ambiante. Véritable réussite sur le plan design et esthétique, la MT-03 a-t-elle un ramage à la hauteur de son plumage ?
Découverte
La MT-03 est très compacte, prête à bondir ou franchir n’importe quel obstacle avec son important débattement et une garde au sol de 200mm. On remarque immédiatement le phare avant proche de la Fazer, ainsi que le double échappement arrière, proéminent, levé vers le ciel. En faisant le tour, on remarque le système de suspension arrière latéral, réglable, placé le long du moteur. La selle, au toucher cuir retournée est large et la place passager - particulièrement épaisse – affiche le logo MT, marqué dans l’épaisseur.
En selle
La position est basculée vers l’avant, les bras bien pliés, en appui sur le guidon à large cintre. Malgré une hauteur de selle raisonnable de 805 mm, les pieds touchent à peine terre pour le pilote d'1,70 m ; la faute en revenant à une selle particulièrement large.
On a alors devant les yeux un énorme compte-tours et une mini lucarne pour afficher la vitesse, l’heure et le totalisateur ou l’un des deux trips partiels. Au-dessus, les indicateurs lumineux pour le point mort, l’injection, l’huile et le passage sur réserve. Un compteur minimaliste qui se révèle peu évident à lire, que ce soit de jour comme de nuit. Par compte le compte-tour se pare d’un beau rouge la nuit venue, du plus bel effet. La clef s’insère directement sur le réservoir.
Les mini-rétroviseurs se règlent facilement et offrent surtout une excellente vision, que leur taille ne laissait absolument pas imaginer.
Contact
La MT-03 s’ébroue dans un vrombissement grave, avec les vibrations et le son de pilon du mono : une mélodie qui concoure largement au caractère et au plaisir de conduite, aussi bien dans les envolées que dans les décélérations. Le compteur se réinitialise, en affichant pendant une seconde un présomptueux 199 km/h.
Embrayage, démarrage... La boite s’avère douce. La MT-03 se manie très facilement et apparait à peine plus lourde qu’une 125 malgré ses 174 kilos (à sec). Il faut voir ici le travail réalisé sur son centre de gravité placé bas et un centrage des masses efficace. Les pieds reposent bien à plat sur les cale-pieds et les genoux sont idéalement écartés autour du réservoir.
Ville
La MT-03 se trouve dans son élément en ville. Un grand guidon, un poids plume, de la pêche dès les premiers tours, et la moto se faufile et se dégage dans toutes les conditions et positions d’un coup de poignée de gaz.
Les démarrages sont nerveux et incitent à jouer de la poignée droite et du sélecteur. La MT-03 se retrouve ainsi rapidement à 7.000 tr/mn. La seconde se passe en deux secondes à 40 et la 3e dans la foulée dès 65 km/h. Autant dire que ce rythme joueur, nerveux, ne sera pas toujours du goût de la passagère ; il est alors nécessaire de doser l’accélérateur, sous peine de coups de casques violents. La MT-03 oblige la passagère à s’accrocher ferme, ce que n’obligent pas des motos pourtant bien plus puissantes. Bref, la MT-03 en offre bien plus que ses 45 chevaux officiels...
La MT-03 n’aime toutefois pas les sous-régimes et cogne sous les 2.500 tr/mn. Les amoureux des monos ne seront absolument pas gênés de jouer de l’embrayage. Les motards ne connaissant que le 4 cylindres se plaindront éventuellement de calage.
Le tout se balance parfaitement et offre un rayon de braquage particulièrement court ; l’expression dans un mouchoir de poche trouve ici sa signification.
Plutôt fermes, la selle et les suspensions font relativement oublier les irrégularités de la chaussée. Le pilote est ici mieux loti que le passager qui souffrira davantage de quelques rebonds.
Autoroute
La MT-03 s'engage avec une vraie pêche sur l'autoroute jusqu’à 140 km/h. Au-delà, le mono se stabilise à 7.000 tr/mn sur 152 km/h. Bien lancé, il peut même approcher les 168 km/h, en début de zone rouge. Mais le manque de protection, et surtout la consommation excessive poignée au taquet, fera redescendre le pilote vers une moyenne de 140 km/h maximum.
Par ailleurs, les vibrations dans les cale-pieds, et notamment ceux du passager, rendent le passage des 150 km/h équivalent au mur du son : désagréable.
A contrario, les rétroviseurs ne souffrent aucunement de ces vibrations et offrent une excellente vision à n’importe quelle vitesse. La MT-03 s’avère en plus particulièrement stable et sécurisante, même poignée au taquet, et que ce soit en solo ou duo. Alors que la maniabilité et la légèreté à basse vitesse est souvent synonyme de sensibilité au vent sur autoroute, il n’en est rien pour la MT-03. Le poids de la moto et l’équilibre des masses est ici idéal.
Départementales
La MT-03 se retrouve dans son élément dès le retour sur départementales, alternant entre 3e et 4e sur sa plage d’utilisation idéale, entre 4.000 et 7.000 tr/mn. Elle offre alors de réelles sensations, avec un gros mono distillant sa bonne humeur et sa volonté pour sauter d’un virolo à un autre. Le couple autorise des reprises vigoureuses en sortie de virage et de grosses sensations, tandis que les décélérations s’accompagnent de vivantes pétarades.
La monte de pneus d'origine – Pirelli Scorpion - accroche parfaitement et met en confiance.
Confort
La selle large et épaisse s’avère très confortable, que ce soit pour le pilote ou le passager. Ce confort ne change pas quel que soit le nombre de kilomètres. Par ailleurs, la position de conduite s’avère agréable et n’occasionne aucune fatigue ni mal de dos.
Le passager reprochera des vibrations fortes dans les cale-pieds et un échappement trop généreux côté chaleur dégagée.
Freinage
Le simple disque arrière de 245 mm offre un bon gros freinage, et de nombreux blocages en solo, sans forcer pourtant sur la pédale arrière. En duo, il s’avère parfait. Le frein avant – double disque de 298 mm – offre un sérieux mordant, sans générer de plongée lors des freinages intensifs. Le freinage s’avère presque violent au regard de la moto, ce qui demande un peu d’expérience et de doigté sur le mouillé pour le dosage obligatoire.
Pratique
La MT-03 est belle. On oubliera un peu les aspects pratiques.
Le réservoir non métallique fera oublier toute sacoche magnétique. L’espace sous la selle offre un espace pour un U certes mais spécifique Yamaha.
La MT-03 se débéquille facilement ; par contre aller cherche la béquille quand on est sur la selle, pour arriver à la passer sous le cale-pied, n’est pas toujours des plus facile.
Il est possible de placer l’antivol entre un barreau de fourche et un bâton de roue.
Consommation
Avec l’injection et un réservoir de 15 litres, on pourrait s’attendre à une autonomie avant réserve de 200 km. Dans la pratique, les passages sur la réserve se sont opérés entre 120 et 150 km. La MT-03 s’avère en effet relativement gourmande, avec une moyenne de 6,5 litres de moyenne pendant l’essai. Certes, en utilisation uniquement ville, et sans tirer dedans cette consommation descend à 5,5 litres. Par contre, à vitesse stabilisée sur autoroute à 130 km/h, elle monte à 7,2 litres et s’envole poignée au taquet à près de 9 litres ! Dommage, car le confort offert lui permettrait de parcourir d’une traite de plus longues distances. De quoi réfréner les ardeurs en tout cas, d’une poignée droite à toc. Idéale en cette période de répression et de prix de l’essence excessif.
Conclusion
La MT-03 est une vraie moto, à la fois vivante et dynamique - stable quand il faut - qui ravira le motard et mettra en confiance le motard débutant. Plutôt rare dans la rue, avec une gueule d’enfer, elle est plaisante à conduire au jour le jour pour des trajets para-urbains et permettra de s’éclater en montagne. Elle est même capable de proposer des trajets de 200 à 300 km, sans faire souffrir ni pilote ni passager, à condition d'éviter les longs parcours autoroutiers.
Elle ravira les amoureux des sensations. Seul son prix - 6.990 euros – a de quoi faire réfléchir son éventuel acquéreur, avec près de 1.000 euros de plus qu’un Bandit ou une ER-6. Sans aucun doute, la seule raison d’un succès modeste.
essai trouvé sur le repaire des motards